« Comme le veut la tradition j’y pose un caillou et avec le temps, les petites pierres s’accumulent et racontent les années qui passent. Les juifs n’ont pas l’habitude de fleurir les tombes mais ils y placent ces petites pierres, si emblématiques. La plupart des gens en ignorent la signification. (…) Contrairement aux fleurs qui fanent, les cailloux restent et disent la force du souvenir. Ils racontent la place inaltérable qu’occupent les disparus dans la vie de ceux qui leur survivent.
Et puis, le caillou, en hébreu, porte un nom particulier, dont le signifiant caché a valeur de puissant symbole. Un caillou se dit Ebben, et ce mot une fois fendu, en révèle deux qu’il semble avoir fait fusionner, « ab » et « ben » - « le parent » et « l’enfant ».
Poser un caillou sur une tombe, c’est déclarer à celui ou celle qui y repose que l’on s’inscrit dans son héritage, que l’on se place dans l‘enchainement des générations qui prolongent son histoire. La pierre dit la filiation, réelle ou fictive, mais toujours véritable. »
Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur.
Ebben aborde mes racines, mes disparus, cette filiation quasi inconnue, passée sous silence, Ebben c’est déposer des cailloux sur un chemin récemment emprunté à la recherche d’une partie de mon identité.
Reproduction de la pierre sur papier kraft à l’aquarelle, diverses tailles.