Biographie
Janis Jacobs est une artiste plasticienne française née à Lyon en 1988. Elle explore à travers ses photographies, vidéo et installations la résonance du monde sur l’être. Au cours des 14 dernières années, elle a construit sur le mode de l’exploration, un discours autour l’image de soi, réelle, symbolique ou fictionnelle. Aujourd’hui s’ouvre un nouveau chapitre de son œuvre axé sur la puissance de la friction entre le monde et l’intime. Sa recherche passe par le prisme d’une observation minutieuse à la frontière de l’anthropologie et de la sociologie, des êtres qu’elle rencontre et des espaces explorés tout en mêlant passé et nouveaux récits.
D’où nous venons, où l’on vit, ce qui nous lie ou nous éloigne des autres, sont mis en perspective du vécu et de son appréciation objective ou imaginaire. L’artiste évolue aux confins d’une histoire intime et universelle. Les préoccupations de l’artiste passent souvent par le prisme d’un dialogue intérieur qu’elle confronte aux rumeurs du monde.
Ses travaux, traversés par les concepts de l'absence et de la présence, du caché et du montré, du dit et du non-dit, sont un jeu de déconstruction et de reconstruction permanentes telle une exploration des possibles.
Son travail a été exposé à la Maison de la Photographie de Toulon et à plusieurs reprises à l’Hôtel de Chartrouse durant la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
Intention
Ma démarche plastique est motivée par des questionnements liés à mon rapport au monde et à l’Autre constituant un environnement dans lequel se déploie le vivant. Mes explorations, mes photographies, mes installations sont une façon pour moi de donner corps et vie à ce dialogue intérieur, à ce qui vient le questionner, le chambouler, le faire évoluer, Elles interrogent d’une manière générale l’état d’être. Ma recherche se déploie dans la friction d’un dialogue intérieur avec ce qui est réel ou fantasmé.
Je m’accorde aux mots de Donatien Grau, « La conversation est une production de réalité discursive et le prélude à un devenir », et revendique le fait que mon investigation soit ancrée dans un huis-clos que je questionne, éprouve, chamboule, afin de le faire évoluer et nourrir mon travail. Mon point de vue à la fois global et fragmenté met en relation l’impact de la confrontation et de la rencontre avec le sentiment ou la réflexion qu’il génère. Mon approche est une façon de comprendre les contextes dans lesquels peuvent potentiellement s’exprimer individualité et personnalité.
Mon travail se construit dans une volonté de récit sur la dualité de l’éclosion, l’affirmation de soi et de l’empêchement, comme une (en)quête d’identité.
Expositions
2023, Era, exposition collective avec la Galerie 22.05 durant la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
2022, Pérégrinations Obscures, exposition collective avec la Galerie 22.05 durant la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
2018, Maison Haylli, exposition collective des oeuvres produites lors du lancement de la collection Milanaise, Spinzi Design, Milan.
2015, Tempo Adagio, exposition collective durant le off de la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
2013, Tempo Andante, exposition collective pendant le off de la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
2013, Tempo Andante, exposition collective à la Maison de la Photographie de Toulon juin 2013.
Texte de la Galerie 22.05, Arles 2023
Janis Jacobs est une artiste plasticienne française née à Lyon en 1988. Elle explore à travers ses photographies, vidéos et installations la résonance du monde sur l’être faisant d’elle-même le matériau de son œuvre. De productions en productions elle évolue aux confins de son histoire intime en en repoussant les limites pour lui donner une portée universelle. Sa démarche pourrait se résumer ainsi : dialogue intérieur
permanent, confronté avec la même permanence aux rumeurs et aux tensions du monde.
La démarche de Janis Jacobs se situe à la frontière de l’anthropologie et de la sociologie ; une recherche minutieuse antérieure à toute production, sur chacun des thèmes et des concepts qui traversent ses sujets, est systématique faisant de la pensée, de la réflexion et des réalisations des autres une source de rebond et de dynamique.
Son travail se déploie en chapitres comme autant de phases d’exploration de ses thèmes de prédilection : la perception de soi, l’image intime ou publique, réelle, symbolique ou fictionnelle questionnées au prisme du cheminement personnel. Ses travaux, traversés par les concepts de l’absence et de la présence, du caché et du montré, du dit et du non-dit, sont un jeu de déconstruction et de reconstruction permanentes telle une exploration des possibles. Une dialectique sur le temps avec Tempo andante et Tempo Addagio (2008 et 2009) ouvre son récit, Trilogie : Paloma, Carmen et Luce (2015-2020) marque le début d’une recherche sur la place de la femme et l’image à laquelle elle s’autorise alors que sa vie se fragmente. Désamours et Pièces (2020) superposent à ce discours l’abîme de l’abandon. Le temps, la lenteur, le pas-à pas sont en filigrane de chacun de ses travaux. La rencontre abordée avec bleu. (2021) et Recueil de pensées, de recherches et d’avancements sur la rencontre (2022), est la matrice d’une expérimentation de vie. Tandis que bleu. traque le chamboulement, l’attraction, la répulsion, la fusion, la scission, le bruit et la morsure du silence, Recueil de pensées, de recherches et d’avancements sur la rencontre se concentre sur ce qu’initie la rencontre et sur ce qu’elle permet de dépasser. Comme une suite logique, Pérégrinations obscures (2022) nous place face à un état des lieux dont l’acceptation est le maître mot, dualité du montré et du montrable. Le corps support de l’apparence est décortiqué, recomposé dans sa quête de vérité.
Si la rencontre est un passage obligé de l’œuvre de Janis Jacobs, on ne saurait la lire ici sans la lier à la notion d’origine. « D’où est-ce que je viens ? » est la question centrale de sa démarche, non pas dans une quête d’identité mais dans une volonté de compréhension de sa trajectoire personnelle et de l’édification de son rapport aux autres qu’autorise la (re)connaissance d’elle-même. Familiarités étrangères (2017, en cours ) et Ebben - caillou en hébreu - (2023, en cours) portent ce discours. Familiarités étrangères s’arrête sur la reconnaissance instinctive et intime d’un territoire inconnu, la Camargue. Ebben questionne une généalogie quasiment inconnue, une culture pas suffisamment vécue. Era (2023 ) se déroule comme une histoire, de scènes en scènes exprimant à la fois un dialogue intérieur et un dialogue avec un.e autre. Qui est cet autre ? Peut-être la part obscure de l’artiste et l’artiste elle-même, sa part intime, la part la plus sensible et la plus subite de soi. Celle à laquelle il est aussi difficile qu’important de parler - ou bien : celle qu’il est autant difficile et important d’entendre. En explorant la réminiscence de ce qui a été, Era révèle t-elle ce qui n’est plus ou insiste-t-elle sur ce qui est ? Être ici ou ailleurs faut-il choisir ? Le choix est-il possible, est il nécessaire ?
Era explore cet entre-deux.